article de “Passeport Santé” sur la colère.
https://www.passeportsante.net/fr/psychologie/Fiche.aspx?doc=colere
Qu’est-ce que la colère ?
L’auteur Spielberger fait une distinction entre la colère, qui désigne « l’état émotionnel marqué par des sentiments subjectifs variant de l’agacement ou l’irritation modérée à la furie ou la rage intense », et le caractère colérique qui est « relatif à des différences individuelles chroniques dans la fréquence, l’intensité et la durée de ces épisodes de colère ».
La colère se distinguerait du mécontentement ou de l’irritation par son intensité supérieure, sa survenue moins fréquente, son fort caractère interpersonnel, et à la faveur d’événements plus menaçants.
Parfois, lorsque les pensées ou actes agressifs franchissent la frontière dressée entre dissuasion et revanche, la colère peut céder la place à la haine, qui est une forme de colère qui perdure, perdant tout rapport avec l’offense initiale, et éprouvée à l’égard d’une personne ou d’un objet.
Les accès de colère
L’auteur Fava définit l’accès de colère comme « une courte période de colère en inadéquation avec la situation, associée à une activation du système nerveux autonome, se traduisant par des symptômes tels que la tachycardie, les bouffées de chaleur, l’oppression thoracique ; elle ressemble à une attaque de panique, mais sans les symptômes prédominants de la peur et de l’anxiété ».
Selon lui, les critères permettant d’identifier un accès de colère sont :
- L’inscription de l’événement dans une période d’irritabilité chronique.
- Une réaction excessive à des ennuis mineurs.
- L’existence, au cours d’au moins un des accès, de quatre symptômes parmi les suivants : tachycardie, bouffées de chaleur, oppression thoracique, paresthésies, sensation ébrieuse, dyspnée, sueurs, tremblements, panique, sentiment de perte de contrôle, envie d’attaquer autrui verbalement ou physiquement, lancer ou détruire des objets.
Les accès de colère sont apparentés aux attaques de panique selon Perlis et son équipe. Il apparaît que dans 63 % des cas, l’accès de colère se traduit par une attaque physique ou verbale, dans 30 % des cas, par des dommages aux biens (lancer, destruction).
Déroulement d’un accès de colère
L’accès de colère se compose de 3 phases : le « grondement », la « crise de rage » et la
« récupération ».
La phase de grondement. Au cours de cette phase, on observe de petits signes d’impatience ou de gêne légère (taper du pied, mordre ses doigts, agiter ses jambes), ou bien des comportements plus menaçants (jurer tout bas, invectiver, lancer des regards noirs). Il s’agit de la meilleure phase pour intervenir, de préférence par des techniques douces visant à réduire le niveau d’excitation : en retirant l’individu de l’environnement hostile, en redirigeant son attention, en lui demandant d’appliquer des techniques de respiration profonde…
La crise de rage. Au cours de cette phase, les capacités de maîtrise de l’individu sont dépassées. Il est alors impossible d’empêcher l’aggravation de la situation par l’usage de la logique ou de la raison. Elle précède une phase de récupération.
Certains auteurs ont comparé l’accès de colère à l’orgasme. Comme lorsqu’un individu est excité sexuellement avant l’orgasme, l’individu se trouve dans un état instable, et la résolution de cet état passe par l’orgasme. L’individu passe un certain nombre de paliers avant de passer à l’étape suivante, celle de la « crise de rage », caractérisée par un « flash point ».
Empêcher le passage à la « crise de rage »
Voici quelques conseils à suivre lorsque survient un accès de colère et avant que celui-ci ne bascule dans la phase critique de « rage ».
- Retirez-vous dans une autre pièce, prenez une douche, allez marcher. Attendez au moins 45 minutes que votre calme soit revenu.
- Prévenez de votre départ. Ne partez jamais sans prévenir vos proches. Dites-leur que vous reviendrez lorsque vous serez calmé. Prévenez-les lorsque vous êtes de retour.
- Bougez, sautez, dansez, courez, faites une activité qui vous plaît pour faire sortir le trop-plein et les tensions. Si besoin, sortez à l’extérieur et criez à pleins poumons deux ou trois fois.
- Déchirez du papier même si cela vous parait complètement inutile.
- Téléphonez à une personne en qui vous avez confiance, un frère, une sœur, un ami, un père, etc. Défoulez-vous et demandez ou acceptez qu’elle prenne la relève au besoin.
- Respirez par le nez. Prenez lentement de longues inspirations et expirez lentement.
- Prenez du recul et réfléchissez aux raisons qui vous poussent à vous mettre en colère. Est-ce dû à un manque de fatigue ? Avez-vous besoin d’aide ?
- Trouvez des solutions réalistes pour améliorer la situation et réutilisez celles qui ont fonctionné par le passé.
- Pour finir, présentez vos excuses à la personne que vous avez offensée. Engagez-vous auprès d’elle à exprimer différemment vos insatisfactions la prochaine fois.
Les 3 leviers de la colère
1) L’interprétation hostile d’une situation. Certains individus ont automatiquement tendance à interpréter la situation de façon hostile à leur égard, ce qui suscite plus fréquemment la colère. Ces individus ont plutôt tendance à se mettre en colère « en réaction » à quelque chose, et non « en proaction ».
2) Le processus de « rumination ». Certains individus peuvent réagir émotionnellement de façon plus intense à une situation, après un processus dit « de rumination », ce qui a pour effet d’amplifier la colère et la réaction agressive. Pour information, la rumination est l’action de ruminer sans fin une idée, un sentiment dans son esprit.
3) Le manque de régulation. Certains individus ont une capacité limitée de régulation de certaines émotions comme la colère : on peut considérer qu’il s’agit d’une inaptitude à gérer ses propres impulsions. Ce contrôle cognitif typiquement inconscient n’est pas ou peu utilisé ce qui n’atténue pas la colère au point d’empêcher la survenue de comportements agressifs.
Pour des raisons sociales, les femmes géreraient mieux leurs propres impulsions que les hommes.
Il est possible d’agir sur ces 3 leviers de la colère pour la faire diminuer. Chaque axe de travail permet de réduire sensiblement la colère chez des individus sujets à des réactions agressives.
Facteurs déclenchants de la colère
La plupart du temps, le facteur déclenchant est un obstacle dressé devant l’individu et qui s’oppose à ses desseins. Mais, il en existe bien d’autres, ainsi que des facteurs favorisants :
Facteurs déclenchants de la colère
La plupart du temps, le facteur déclenchant est un obstacle dressé devant l’individu et qui s’oppose à ses desseins. Mais, il en existe bien d’autres, ainsi que des facteurs favorisants :
- La transgression par autrui d’une règle, d’un tabou, ayant un coût narcissique pour le sujet.
- La provocation par autrui (qui serait le principal facteur pour la susciter).
- Les bruits provenant de l’activité d’autrui (musique, claquements de porte, bruits corporels, etc.) qui favorisent l’enclenchement du processus, surtout s’il est considéré par le sujet comme un obstacle à ses buts (par exemple, un claquement de porte n’induira la colère que si l’individu trouve qu’elle nuit à sa tranquillité).
- Des reproches venant des proches pour les femmes.
- Des personnes étrangères, des objets voire des questions sociétales plus abstraites.
- Une vision négative du monde.
- Des croyances erronées sur la normalité du comportement d’autrui.
- La période prémenstruelle (dont le syndrome « trouble dysphorique prémenstruel » est inclus dans la classification du DSM-IV-TR).
- L’épuisement, le manque de sommeil et la tension psychique.
- La jeunesse (l’irritabilité diminue avec l’âge, ce qui serait lié à une diminution du potentiel de liaison des récepteurs D2).
- L’alcool, la cocaïne, les benzodiazépines, les amphétamines sont particulièrement impliqués.
- La privation de nicotine ou de caféine.
- Une prédisposition au trouble maniaco-dépressif, probablement liée à des facteurs de risque génétiques.
- Un tempérament hyperthymique qui concernerait 8 % de la population, chez qui le besoin de sommeil habituel est faible (environ 6 heures), d’humeur changeante, plaintive, impulsive et obstructionniste.