Nader Perroud est médecin psychiatre et psychothérapeute aux Hôpitaux universitaires de Genève et professeur à l’Université de Genève (Suisse) et à l’Université Dalhousie (Canada).

 

Borderline
L’ état limite fait référence à un état qui se trouve à la frontière entre l’état névrotique et l’état psychotique. Les classifications DSM reprennent le borderline comme un trouble de la personnalité (et non comme une maladie).

Les concepts autour du trouble borderline sont régulièrement assimilés à ceux de l’état limite.

Qu’est-ce que c’est ?
Selon le DSM, le trouble borderline est considéré comme un trouble de la personnalité (axe 2) et non comme une maladie (axe 1). La notion fait référence à un état qui se trouve à la frontière entre l’état névrotique et l’état psychotique. Il peut de cette manière se caractériser par des manifestations classiquement décrites dans les psychoses et/ou décrites dans les névroses.

La notion d’état limite ou borderline est souvent associée soit avec un vécu traumatique de séparation (problématique « abandonnique ») soit avec d’autres psychotraumas dans la jeunesse.

La personne atteinte de ce trouble est hypersensible, hyperémotive, avec rage, colère, larmes, passant brutalement d’un état à un autre. Consciente de sa souffrance, la personne n’arrive pas à gérer correctement les émotions qui la submergent.

La littérature scientifique évoque souvent des co-morbidités psychiatriques liées à l’état limite / borderline, par exemple les angoisses, la dépression, la maniaco-dépression, les assuétudes et dépendances, de brefs accès psychotiques , etc…

Comme tout trouble de personnalité, l’état limite a des conséquences sur la vie affective, relationnelle, familiale et professionnelle de la personne.

La labilité de l’humeur et du comportement peut générer des difficultés de compréhension de la part de l’entourage.

Qui est concerné ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le trouble concernerait près de 2 % de la population mondiale.

Quels en sont les signes ?
Selon les critères DSM-IV, le trouble de personnalité borderline se manifeste sur un mode général d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :

Angoisse permanente : la perte du sens de la vie et abandon par les personnes investies par le patient.
Sentiments de vide intense et d’ennui.
Troubles de l’identité par clivage du moi et dévalorisation du soi.
Alternances d’adoration (idéalisation) puis de rejet (dévaluation) des personnes investies par idéalisation projective.
Tentatives de suicide, automutilation volontaire, chantage affectif vis-à-vis des proches et de l’équipe thérapeutique.
Variations rapides de l’humeur, dysphorie, explosions de colère incontrôlée.
Existence de moments d’idéations persécutoire ou de troubles dissociatifs mais, à long terme, préservation du sens de la réalité contrairement à la psychose.
Comment soigner ?
Caché derrière une co-morbidité (angoisse, dépression…), le diagnostic de trouble borderline nécessite des investigations après le traitement du tableau clinique initial. La pose d’un diagnostic global pourra orienter une proposition de traitement, médicamenteux et/ou psychothérapeutique.

En province de Luxembourg
La personne souffrant d’un trouble de personnalité borderline peut être accompagnée par les divers professionnels de santé mentale (psychiatre, psychologue, psychothérapeute….) dans la province.

Pour en savoir plus
Ouvrage : “Le manuel du borderline : comprendre et aider à faire face à la maladie”, M.Desseilles, B. Grosjean, N. Perroud, Ed. Eyrolles, 2014.